30 novembre 2017 Emilie Sébert

Pourquoi la Blockchain est le sujet du moment?

La Blockchain s’est imposée cette année comme un sujet incontournable et est d’ailleurs annoncée comme l’une des tendances qui va révolutionner l’expérience client d’ici 2030. Réservée un temps au monde de la finance, cette technologie a pourtant le potentiel d’impacter le marketing et la relation client.

Au-delà de la banque et de la manière d’échanger de l’argent, c’est bien vers un marketing encore plus personnalisé que nous nous dirigeons puisque la Blockchain supprimera la notion même de segmentation de clientèle. En offrant la possibilité d’authentifier plus facilement la provenance des produits qu’achètent les consommateurs, cette technologie va permettre de réinventer la notion de confiance et de supprimer les intermédiaires entre le fournisseurs de service et leurs clients.
Bien que cette technologie ne soit pas nouvelle, la Blockchain a depuis quelques mois passionné les foules, j’entends: les entreprises et les marketeurs. On parle de Bitcoin, de cryptomonnaies en dehors des cercles d’initiés. Il suffit de voir les articles qui fleurissent à ce sujet et l’engouement des entreprises pour mettre en application cette technologie. Mais concrètement, qu’est-ce que la Blockchain ? A quoi sert le Bitcoin ? Quand utiliser les smart contracts ?

En quelques mots, qu’est-ce que la Blockchain ?

La blockchain est avant tout une technologie que l’on retrouve au coeur de la cryptomonnaie Bitcoin.

Elle se présente sous la forme d’un système de sécurisation décentralisé, sans organe central de contrôle, mais avec des millions d’utilisateurs qui valident les transactions de manière indépendante contre une rémunération (en Bitcoin ou autre cryptomonnaie).

Ce système autonome permet trois choses:
– horodater les transactions
– certifier les émetteurs et les récepteurs de transactions
– sécuriser l’échange en lui-même
C’est donc un registre qui permet de stocker et d’échanger des informations de manière sécurisée, fiable et non modifiable. En quelques mots, c’est une base de données qui est distribuée et partagées par l’ensemble de ses utilisateurs.
La première utilisation est donc monétaire, mais cette capacité à faire de l’horodatage, de la certification et de la sécurisation ouvre des possibilités à tous les secteurs d’activité : financier, assurantiel, juridique, logistique, industriel…

Cette technologie existe depuis 2008, elle a été créée par Satoshi Nakamoto dont l’objectif était de remplacer le système bancaire actuel, en réponse à la crise financière qui venait d’avoir lieu. Le constat de cette personne (ou ce collectif, son identité restant inconnue) était de passer outre des intermédiaires (banques centrales, banques, acteurs influents du monde bancaire) ayant la capacité de jouer avec nos actifs.

Le Bitcoin: le projet Blockchain qui éclipse les autres.

On parle beaucoup du Bitcoin car c’est le protocole originel. A cet égard, le Bitcoin qui était un projet comme des milliers d’autres dans ce domaine, a été adopté car il était très bien fait. Il existe actuellement plus de 900 cryptomonnaies. Trois projets portent le maximum d’attention, à savoir Bitcoin, Litecoin (créé quelques mois plus tard sur le même protocole) et Ethereum, qui est une autre typologie de blockchain avec un autre comportement. Ethereum facilite et ouvre des champs possibles d’application. Il est simple de l’utiliser pour créer de nouvelles cryptomonnaies et de nouveaux modèles de fonctionnement. A noter que 95% des projets basés sur Ethereum ne sont pas possibles techniquement ou sont simplement opportunistes. Depuis un an, il y a eu une vague très importante de sorties de nouvelles cryptomonnaies et de nouveaux projets qui ont monopolisé l’attention. Depuis quelques jours, Bitcoin a repris le devant de la scène en passant la barre des 10 000 dollars le 28 novembre dernier. En revanche Fortune Magazine a constaté que 30 milliards de la crypto-monnaie seraient potentiellement perdus pour toujours. Ce nombre gigantesque se base sur la valeur d’un Bitcoin à 7 859 dollars. De plus, les 30 milliards sont basés seulement sur les 16,4 millions de Bitcoin minés durant l’année 2017.

Le minage, une activité clé presque gratuite.

La Blockchain permet donc initialement aux utilisateurs de s’échanger de la monnaie virtuelle sans passer par un organe central, à la différence du monde réel où pour échanger de la monnaie il faut forcément par un organisme financier. Néanmoins, il existe des utilisateurs spéciaux dont le rôle est de garantir que les transferts de monnaie, appelés transactions, sont valides: on les appelle les mineurs.
Pour valider ces transactions, les mineurs mettent à disposition de l’ensemble du réseau, la puissance de calcul de leurs ordinateurs en faisant tourner des algorythmes très complexes. Toutes les transactions sont regroupées au sein de blocs, c’est de là d’ailleurs que vient le nom de Blockchain. La force du système est qu’une fois que l’algorithme a réalisé son opération de validation, tous les utilisateurs de la Blockchain peuvent vérifier simplement que l’opération de vérification est correcte, ce qui nécessite peu de puissance de calcul. Lorsqu’une grande majorité des utilisateurs de la Blockchain a validé que l’opération de calcul était correcte, alors seulement le bloc est ajouté à la chaîne et les transactions qu’il contient sont validées.

L’intérêt de la blockchain est donc de permettre de se passer des intermédiaires et donc des commissions liées à ces transferts d’argent. Le montant de cette commission est généralement fonction du montant transféré. Dans le système de la blockchain, seuls les mineurs gagnent de l’argent dans le système et ce quel que soit le montant des transactions que contient le bloc validé. Le transfert d’argent coûte d’ailleurs quelques centimes seulement et ne dépend aucunement du montant des sommes transférées, ce modèle est donc plus intéressant pour les utilisateurs.

Les contrats intelligents ou smart contracts.

Les contrats intelligents ou smart contracts sont une des composantes importantes de la blockchain. Le smart contract est un programme informatique compilé qui porte un ensemble de caractéristiques lui permettant d’auto-exécuter les clauses spécifiques du contrat qu’il porte. On peut imaginer l’application de ce type de contrat dans le transport aérien par exemple. En effet, dans le cadre de la souscription à une assurance voyage, le contrat intelligent porterait tous les éléments techniques liés celle-ci, permettant du même coup de déterminer les montants de prestations à payer en cas de retard et surtout il pourrait se déclencher sur la base de la vérification d’un simple service fournissant les horaires d’arriver des avions. En dehors de ce système, ce type d’assurance ne fonctionne malheureusement pas de manière automatique, il faut pour cela effectuer une série de démarches administratives longues et laborieuses pour espérer se faire rembourser. Dans l’absolu, ce modèle n’est satisfaisant pour personne, le client en premier lieu qui se décourage et finalement ne se fait pas rembourser, et l’assurance qui lorsqu’elle doit effectuer le remboursement a des frais de gestion élevés du fait de la complexité de la procédure. A contratio, avec un contrat intelligent le montant de la prestation serait automatiquement crédité sur le compte du client sans qu’aucune démarche ne soit nécessaire et surtout sans aucune contestation possible. On peut tout à fait imaginer les possibilités offertes pour le secteur de l’assurance, mais les contrats intelligents ont d’autres applications possibles dans bien d’autres secteurs.

La mise en application de la Blockchain.

La communauté Blockchain a déjà identifié au moins 84 cas d’usages. Comme évoqué plus haut, ce système permet le transfert de valeur, la traçabilité et l’automatisation. Mais au-delà de ces macro-usages, il existe, également des micro-usages, tels que le paiement, la fidélisation (par une monnaie de marque), les votes, la supply chain et l’Internet des Objets connectés.

La marque de mode américaine Baby Ghost a ainsi introduit la Blockchain dans sa dernière collection printemps/été 2017. Accompagnée de l’entreprise chinoise BitSE, spécialisée sur la blockchain as a service (BaaS), la marque indépendante a incorporé une puce NFC à ses vêtements et à ses accessoires. Le résultat : les clients de Baby Ghost ont la possibilité, via un QR code, de vérifier depuis leur Smartphone l’authenticité de leurs achats, d’accéder à toutes les informations sur ceux-ci, comme l’histoire du produit, ou, encore, d’ajouter une photo souvenir avec leurs emplettes. La marque a vu augmenter les interactions avec ses clients.

On peut ainsi envisager la Blockchain comme le futur des programmes de fidélisation. En effet, le déploiement de la Blockchain pourrait faciliter la gestion des points de fidélité qui se révèle souvent problématique pour les marques en particulier pour savoir quand le consommateur va les utiliser et s’il les a utilisés. Les entreprises du secteur banque et assurance, les compagnies aériennes, les hôteliers ou encore, les grandes enseignes pourrait notamment suivre la valeur des points de fidélité en circulation et savoir comment ce moyen de paiement alternatif a été utilisé par leurs clients.

La Blockchain est ainsi devenu en l’espace de quelques mois, le sujet à la mode dans et en dehors du cercle fermé des experts du numérique. Les entreprises s’emparent peu à peu du sujet et essayent d’ouvrir de nouveaux champs d’application. Même si le niveau de maturité de cette technologie est encore jeune, elle n’en reste pas moins prometteuse et annonce de nouvelles opportunités de croissance. Néanmoins, il est important de savoir de quoi on parle et comment l’exploiter techniquement dans son domaine d’activité. Les grands acteurs du conseil et les clients corporates en sont pour la plupart à la phase du POC (Proof-of-concept) bien loin d’une exploitation industrielle. Pourtant, les experts s’accordent sur le fait qu’il est important de se lancer sur la Blockchain dès maintenant et ce pour 3 raisons majeures:
– le coût: un retard de compréhension et de maitrise seraient trop coûteux à rattraper
– les opportunités de croissance en disruptant son business
– la concurrence qui est déjà dans les starting blocks